Responsables ou coupables ?

15 avril 2020

Depuis l’intervention solennelle d’Emmanuel Macron, le 16 mars dernier,  le pays est prié de se plier à toutes les recommandations prises dans l’urgence, pour ne pas dire dans la panique.
Car de toute évidence, cette crise sans précédent qui touche le monde, a particulièrement été mal anticipée, mal évaluée, et surtout mal gérée. Mais comment peut-on mettre le doigt sur tous les dysfonctionnements et oser la moindre critique alors que les médias officiels se sont faits les relais du discours présidentiel et des injonctions gouvernementales ? Dans la presse, on s’insurge même contre ceux qui ne suivent pas le mouvement du grand « sens civique » et l’on fustige les quelques personnalités extérieures, qu’il s’agisse d’acteurs politiques, sociaux, des domaines de la santé ou du travail, qui osent émettre le moindre son discordant dans le concert des belles envolées lyriques et graves mettant en avant la « force collective de la République »,  et qui ne veulent pas adhérer de façon aveugle au discours guerrier et lénifiant de la mobilisation générale.
On nous dit que l’heure n’est pas à la polémique, et qu’il sera temps, quand tout ça sera fini, de tirer les leçons de cette catastrophe sanitaire. Certes, mais n’est-il pas non plus judicieux de, tout de suite, poser les bases d’un procès en compétence, auquel nos dirigeants ne pourront pas échapper ?

Rappelons un  élément essentiel : le Coronavirus COVID 19 a débuté en Chine fin décembre et s’est rapidement répandu à travers le monde. Autre structure technocratique qui a tardé à se mettre en branle, multipliant les réunions avant de prendre une décision, ce n’est que le 11 mars que l’OMS a requalifié l’épidémie de Coronavirus COVID19 en pandémie. La France a alors compris qu’il allait peut-être se passer quelque chose. Il lui aura fallu deux mois de réaction. Entre le discours surréaliste d’Agnès Buzyn l’encore ministre de la Santé le 24 janvier «Le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul, le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible », et l’intervention du chef de l’Etat du 16 mars, il y a eu l’exemple chinois qui aurait dû pousser la France à prendre des mesures et se doter des armes nécessaires pour ne pas se laisser écraser par le fléau, puisque paraît-il, « nous sommes en guerre ». Mais non, nous n’avons rien fait, rien anticipé, et, perdu deux mois, en sous-estimant la réalité. Et le nouveau ministre Olivier Véran a beau se déployer, en s’appuyant essentiellement sur la communication, soutenu par son directeur général de la santé Jérôme Salomon, et tous deux peuvent arguer de leur volonté de transparence, il n’empêche qu’ils ne peuvent effacer cette erreur originelle.

La cacophonie n’est pas venue du public, mais plutôt des intervenants eux-mêmes qui ont émis de doctes affirmations avant d’être démentis, qui ont multiplié les déclarations contradictoires, et les mesures incohérentes sans aborder la question des vraies responsabilités stratégiques du pouvoir.

Quid des masques que l’on annonçait comme  faisant partie du paquetage  obligatoire pour se protéger ? Il ne restait qu’un stock ridicule nettement insuffisant, au début de l’épidémie…Qu’a-t-on attendu pour reconstituer ce stock ? Nous en sommes aujourd’hui réduits à mendier des masques auprès de tous ceux qui peuvent en posséder, pour subvenir aux  besoins de nos forces de santé.
Quid des gels hydro alcooliques, autre produits de cette panoplie du parfait résistant ?

Surtout, quid des tests réactifs ? Nous ‘en avons pas utilisé assez, nous n’avons pas  testé suffisamment de gens au début de l’épidémie, quand il eut été encore possible de placer immédiatement quatorze jours à l’isolement les porteurs du virus, avant que celui-ci ne se dissémine davantage. On a beaucoup parlé du cas de la Corée du Sud, qui a dépisté toute sa population. Ce n’était pas la stratégie en France, si tant est qu’il y en ait eu une  clairement définie. Pourtant, nos dirigeants ont affirmé appliquer le principe du « retardement » de la pandémie, afin de préparer au mieux, mais là encore dans  une urgence  chaotique, nos structures hospitalières, à recevoir des milliers de patients. Et précisément, pour pouvoir retarder cette vague de contamination, il fallait tout de suite pouvoir cibler et mettre à l’écart  ceux qui pouvaient en être les vecteurs. Cela aurait certes logiquement fait grimper en flèche le nombre de malades, mais avec une gravité moindre. Chez nous, on détecte lorsqu’on a une suspicion avancée, ou lorsque les malades arrivent à l’hôpital. A cet instant-là, l’activité de virus est déjà très dangereuse et celui qui arrive pour se faire soigner a sans doute déjà contaminé quelqu’un.  En mettant le paquet dès fin janvier début février, on aurait peut-être pu freiner l’évolution du coronavirus. Encore eût-il fallu disposer de ces tests et régler au plus vite les difficultés pour se procurer les réactifs.

Quant aux bouteilles à oxygène nécessaire en réanimation ? De façon générale, les hôpitaux utilisent des cuves à oxygène. Mais en cas de surplus de malades, il faut des bouteilles dont la seule usine de fabrication dans l’Union européenne, l’entreprise Luxfer, à Gerzat dans le Puy de Dôme, a été fermée en 2019 par son propriétaire britannique pour cause de concurrence internationale trop forte sur les prix. Les outils de production sont encore sur place, les 138 ouvriers licenciés demandent la réouverture de l’usine par l’État. Si ce n’est pas là une situation d’urgence, c’est à n’y rien comprendre.

Macron, Philippe et tous les autres ont peut-être vu venir la crise sanitaire.  Sans toutefois en imaginer l’ampleur. Car au-delà de l’épidémie en elle-même, c’est l’absence de réponses politiques et techniques, le manque de moyens, qui ont contribué à aggraver la situation. Il a fallu en effet que l‘importance néfaste  de celle-ci infuse dans les cerveaux de nos gouvernants, si sûrs d’eux et certains d’avoir toujours raison, qu’ils n’ont pas l’habitude que ce soit les aléas qui gouvernent.

La vraie responsabilité de nos gouvernants  c’est celle-ci : leur incapacité à évaluer tous les paramètres d’une crise à venir quelle qu’elle soit, et à ce que nous ayons tous les éléments pour y faire face. Les seuls éléments qu’ils ont apportés, ce sont les éléments de langage, avec leurs fameux « gestes barrière », formule répétée à l’envi par chaque ministre invité au micro et relayée par les médias. Puis plus tard, continuant leur travail de communication, ils ont franchi une nouvelle  étape avec leur injonction « restez chez vous ».  Puisqu’ils n’avaient pas su anticiper, agir, réagir, puisqu’ils savaient que l’état de nos hôpitaux était pitoyable, qu’ils prenaient leur avis auprès de scientifiques qui n’en avaient pas non plus, pas plus qu’ils n’avaient de solution, il fallait bien renverser les données. Le confinement comme réponse à l’incompétence et à l’inertie. Car si le coronavirus peut parvenir à se disséminer aussi rapidement,  évidemment, ce n’est  pas de leur faute, ni aux uns, ni aux autres. Celle-ci en revient aux quidams. Tous ces gens qui ne respectent pas les consignes, et qui n’ont pas « une prise de conscience suffisante » dixit le 1er ministre. Et qu’importe si le système éducatif avec l’école à distance est devenue une vraie pagaille, sans compter la fracture numérique, si le télétravail n’est pas toujours, possible, si on encourage les Français à rester confiner tout en déplorant qu’ils n’aillent pas travailler, et  si on pousse l’exaspération en y ajoutant la coercition par des menaces permanentes et des amendes salées.

Vous n’avez pas compris, pauvres citoyens, que les malades que l’on entasse dans les hôpitaux ou les établissements de fortune, que le manque de moyens que l’on découvre aujourd’hui,  que les fautes qui ont été commises et l’impuissance matérielle des soignants, tout cela est amplifié à cause de vous, qui affichez quelques velléités de vouloir respirer à l’air libre, et ne pas accepter de rester enfermés pour une durée indéterminée.

Vous rendre coupables du drame, et comptables des victimes à venir, c’est la manière de faire, cynique et indécente, de la part du pouvoir, pour diluer ses propres responsabilités. Après tout, ce sont bien messieurs Macron, Philippe, et leurs acolytes, qui sont aux manettes et qui sont en charge de relever les défis et de surtout de prendre des décisions, quitte à devoir pour cela s’affranchir de  leurs certitudes, leur vanité et leur idéologie. Et en assumant. Ce ne sont pas les trop longtemps méprisés et devenus soudainement admirables membres du corps médical à qui l’on veut faire porter le fardeau, et encore moins les pauvres gens contraints au confinement et qui voient s’émietter leur libertés publiques, insidieusement, sous couvert de crise, que l’on tente de culpabiliser,  qui doivent se sentir rongés de remords. Ce sont plutôt tous ces donneurs de leçon de morale et de civisme, qui deviennent de moins en moins audibles et surtout de moins en moins crédibles. Quant aux petites gens, remarquablement capables de lutter et d’organiser les solidarités, l’histoire l’a d’ailleurs démontré, ce ne sont pas ces monstres d’égoïsme et de légèreté que l’on dénonce.
En revanche, ce sont leurs accusateurs, nos responsables politiques d’aujourd’hui, qui devront rendre  des comptes sur ce drame sanitaire.

Humanité, vices et vertus

26 août 2016

En cette fin d’été où la préoccupation principale de nos compatriotes reste la canicule, alors que se profile une rentrée encore une fois socialement compliquée, les journaux distillent des informations qui ont de quoi interpeller. Dans les mêmes éditions, on montrait sans s’en rendre compte -ou alors de façon volontaire mais d’autant plus cynique- toute la complexité du système économique qui prévaut dans nos sociétés occidentales,  lequel entraîne des aberrations honteuses, et des questionnements inévitables sur fond d’inégalités qui se creusent et deviennent de plus en plus insupportables.

D’abord, les médias globalement d’obédience libérale, ou en tout cas totalement marqués par ce système, se sont faits les relais appliqués d’une information qu’ils considèrent comme décisive quand il s’agit d’en démontre les bienfaits en citant les chiffres d’un rapport concernant les dividendes versés au 2e trimestre 2016; et selon ce rapport de Henderson Global Investors, les plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse ont versé plus de 35 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, soit une hausse de 11,2 %. La France occupe ainsi la deuxième place européenne et la troisième place mondiale en termes de hausse des dividendes, derrière les Pays-Bas et la Corée du Sud. Neuf sociétés françaises sur dix ont augmenté leurs dividendes ou les ont maintenus. Ce sont là des chiffres à mettre en parallèle avec les discours sans cesse ressassés sur les difficultés des entreprises dans l’hexagone et les aides qu’elles quémandent.

Le bras d’honneur de la finance 

De plus, on découvre que les actionnaires des banques sont les mieux servis, avec des distributions de dividendes en hausse de 50 à 70 %. Pas mal pour des sociétés qui, à en croire les autorités de l’époque,  étaient en grand danger en 2008, au moment d’une crise dont elles étaient d’ailleurs elles-mêmes en partie responsables. Elles ont été sauvées -si elles avaient vraiment besoin de l’être- par les contribuables sans qu’aucune contrepartie n’aient été demandée par nos dirigeants. Aujourd’hui, les banques continuent d’engraisser leurs actionnaires et les Français sont invités à se serrer la ceinture. C’est là le côté pervers de ce système faits pour quelques uns qui adressent un bras d’honneur au peuple.

Car tout cet argent, contrairement à ce  voudrait faire croire les chroniqueurs permanent du libéralisme, n’irrigue pas l’économie réelle; il ne représente qu’une part infime d’investissements et d’emplois et ne va même pas dans ce que l’on pourrait qualifier de petit actionnariat. Aujourd’hui, les entreprises se « possèdent » souvent entre elles, à travers toute une série de participation croisées. Les dividendes sont donc versés à d’autres entreprises qui peuvent acquérir d’autres entreprises. Il y a aujourd’hui de moins en moins d’actionnaires tels qu’on les imaginait avant. Il y a seulement trois millions de petits porteurs en France, quatre millions en Allemagne. C’est en train de disparaître au profit d’actionnaires plus institutionnels (banques, compagnies d’assurance, fonds de pension, fonds souverains, etc.)  Toute notre économie ne sert qu’à permettre de faire de l’argent supplémentaire pour alimenter la rente, à nourrir ceux qui ont certes eu l’heur de disposer de fonds  à investir mais qui foncièrement sont inutiles dans le mouvement de masse de notre société; tous les efforts que font les Français servent donc à rémunérer ces gens qui ne servent à rien, et au delà à financer en partie  les retraités étrangers. Puisqu’en effet, plus de 50% des entreprises françaises du CAC40 sont détenues par des fonds étrangers, donc une partie des bénéfices sert à financer les retraites des Américains, des Anglais, des Hollandais et j’en passe. Qui a dit qu’il n’y avait pas d’argent pour s’engager dans ce pays, dans ce monde, afin de donner corps à des projets qui sont un peu plus consistants puisqu’ils visent simplement à améliorer le sort des hommes ?

La solidarité au secours de la politique

Dans le même temps en effet que cette information économique capitale vantant les vertus des échanges qui permettent d’augmenter les richesses sans que l’on s’attarde évidemment à préciser que tout le monde n’en profitera pas, on voyait s’exprimer certains élus qui, comme des professeurs de morale, à grands coups de menton, mettaient en doute la bonne foi de près de trois millions de familles s’apprêtant à bénéficier d’une fortune: près de 400 euros d’allocation de rentrée scolaire. Pour une clique de nantis, il s’agit là encore une fois d’une forme d’assistanat, autrement dit d’une hérésie dans ce système libéral qu’ils défendent. Pourtant d’autres reportages évoquaient bien  le coût de la rentrée des classes, de plus en plus lourd pour le porte-monnaie de nombre de familles.

Un peu plus loin également dans les journaux, on rappelait l’activité permanente des restaurants du cœur, toujours en mouvement, même l’été lorsque l’on croit que la misère a disparu parce qu’elle est sans doute moins prégnante. On se faisait aussi l’écho d’un beau jeudi au soleil passé par les enfants des quartiers défavorisés et à qui le Secours Populaire offrait une journée de vraies vacances. Tout cela condensé dans une demi-heure. Avec un réalisme froid, celui d’un monde dans lequel les organisations de solidarité ont remplacé la politique, puisque les élus se défaussent sur elles pour atténuer les conséquences de la précarité. Ils n’assument pas ces responsabilités qui leur incombent pourtant, notamment celle d’assurer que personne vivant sur notre territoire ne soit en situation de détresse matérielle.

Mais pour cela évidemment, il faudrait repenser tout le fonctionnement des mécanismes économiques du monde, et tirer les conclusions que cette doctrine de la puissance économique au service exclusif de la finance et des possédants, et de fait aux dépens des peuples, ne peut que conduire au chaos. Avec des pays où l’on ne cesse de baisser le coût de la main d’œuvre, d’autres on l’on érige la précarité en contrat social, où l’on fait des travailleurs des individus jetables considérés comme des variables d’ajustement, et des chômeurs des profiteurs, quand des enfants doivent se battre contre  tous les éléments et les effets de la pauvreté et ne parviennent pas à vivre leur enfance, quand  les hommes ont faim, quand ils n’ont plus rien à perdre, c’est alors qu’ils renversent la table. A trop vouloir gommer toutes les vertus de l’humanité au seul nom du profit, on risque bien un jour de ne plus pouvoir croire en cette humanité.

Le vrai visage des réactionnaires

27 mai 2013

Les affrontements qui ont eu lieu en marge de la « manif pour tous » du 26 mai, ce  rasssemblement du désespoir, qui était inutile après que la loi eut été votée ont été, n’est pas en réalité un épiphénomène. Même si, selon les déclarations officielles, ces violences ont été l’oeuvre de quelques illuminés membres de groupuscules d’extrême-droite dont la portée reste limitée. Car au-delà des simples interprétations  que l’on peut en faire, ils témoignent d’un mal qui n’a jamais cessé de ronger notre pays et que ces nouveaux fascistes portent en eux, dans la droite ligne de leurs pères spirituels, de la période noire de la collaboration.

Evidemment, pendant des décennies, ils ont été étouffés sous la volonté d’un peuple de se démarquer d’une vision du monde manichéenne autant que détestable, qui a tenté de construire une nouvelle forme d’humanité, à la fois  progressiste dans les droits, respectueuse des différences, et ouverte moralement après des siècles d’un esprit cadenassé par l’Eglise. Ou alors, tous ces conservateurs qui ont refusé d’encourager bien sûr mais aussi de suivre le courant de l’émancipation individuelle, se sont cachés sous le vernis de la démocratie.

Le débat sur le mariage a fait éclater en pleine lumière les divisions d’une droite aimantée par son extrême, et qui a retrouvé ses réflexes d’antan. Après avoir considéré que le président Hollande était arrivé au pouvoir « par effraction », ils ne se sont pas remis d’avoir perdu les élections et surtout, comme beaucoup de responsables  déconnectés des réalités du monde, les leaders politiques n’ont pas compris pourquoi. Mais comme ils n’ont pas accepté de perdre une partie des privilèges qui leur revenaient lorsqu’ils étaient aux affaires, ils se sont rués sur la légitimité du nouveau chef de l’Etat.

Ils l’ont attaqué bille en tête. Mais comme le socio-démocrate ou socio-lbéral Hollande  - c’est au choix- a repris dans le fond leurs idées d’austérité et de soumission à l’Europe, comme il s’est couché à l’instar de Sarkozy devant les marchés et devant Merkel, comme il a aussi, comme l’a toujours fait la droite, cajolé les patrons et les millionnaires, la marge de manoeuvre était difficile pour  oser une critique offensive et radicale.

L’occasion est venue par une loi sociétale. On a vu alors descendre dans la rues des foules bigarrées et surprenantes qui en appelaient à la défense de valeurs, qui dans leur esprits signifiaient valeurs catholiques, et maintien d’une organisation patriarcale selon les canons habituels. Elles parlaient de famille avec des trémolos dans la voix, et certains élus affirmaient qu’ils devaient être là -à savoir dans le rassemblement- au côtés de ceux qui exprimaient des interrogations et de la colère. Mais où étaient-ils tous lorsqu’on a mis à la rue des familles entières expulsées par les autorités pour complaire à un puissant propriétaire immobilier ? Que font-ils face aux statistiques démontrant une inquiétante croissance de la pauvreté chez les enfants ? Où étaient-ils lorsque des salariés ont défendu leur emploi et donc l’équilibre de leur famille ? Où étaient-ils et dans quel camp étaient-ils lorsque des centaines de milliers de personnes ont dit non à une réforme des retraites qu’on leur a imposée et dont la conséquence la qualité de vie des dernières années pour nombre de travailleurs ? Comment réagissent-ils lorsque des banlieues s’enflamment à cause du mal de vivre ou lorsque la discrimation frappe indistinctement tous ceux qui ont le tort de ne pa parler la même langue, de ne pas avoir le même culture et le même dieu et d’être un peu plus bronzé ? Qu’ont-ils dit quand on a détruit le lien social et les services publics et quand on s’est assis sur la vraie démocratie après le référendum de 2005 ?

Alors, venir ajourd’hui se présenter comme des personnalités qui prennent la mesure des attentes des Français, relève d’une exercice d’hyprocrisie de premier ordre. Malheureusement pour elle, à force d’avoir  ouvert la porte à toutes les franges de la contestation, la droite s’est laissé débordée par la violence de groupes hétéroclites réunissant dans la même haine de la liberté pour les autres des fils à papa et des casseurs incultes qui par leurs exactions ont montré le vrai visage des réactionnaires de ce pays. Les bas du front manipulés par les idéologues extrêmistes qui ne sont pas sortis de la doctrine du nationalisme intégral cher à Maurras.

La loi autorisant  le mariage pour tous, est un texte quui défend la liberté de chacun de faire ce qu’il veut de sa vie privée. Cela n’interfère en rien dans la vie d’autrui. Mais les réacs, ils l’ont montré, ne supportent pas que cette liberté s’exerce ainsi, eux qui ont le culte du chef qui témoigne d’ailleurs de leur incapacité à défendre un libre arbitre et qui, ce qui est bien commode parfois pour ne pas assumer, se range derrière la loi naturelle.  Leur dogme consiste à ne rien permettre qui soit contraire à leur tradition, le tout sur fond de pudibonderie, de morale dépassée dont ils s’affranchissent eux-mêmes volontiers, d’un patriotisme de façade, de racisme et de discrimination pour qui n’est conforme à leurs normes, le tout avec intimidations et violences.

Tout le contraire donc d’une société de progrès telle que la conçoivent les hommes de bonne  volonté qui ont conscience que l’avenir de l’humanité passera par un bien être des individus dans leurs vie quotidienne, aujourd’hui comme demain. Afin que l’on arrive  enfin un jour à ce que ce fugitif passage sur terre de l’humain soit davantage fait de satisfactions que de souffrances, de libertés que de contraintes. L’individu a davantage d’intérêt que les concepts, et l’humanité est au-dessus des morales rassises et dépassées. C’est ici et maintenant que l’on veut exister au sens philosophique du terme, et contribuer à préparer un futur meilleur pour les générations à venir. Pour cela il faut faire gagner le progrès et la fraternité face à la bête immonde sommeillant dans les jardins de la République, autour de ces grandes rondes officielles où se pavanent ceux qui croient qu’ils suffit d’avoir obtenu un semblant de respectabilité pour être vraiment respectables.

Compassion à géométrie variable

24 juillet 2012

Une nouvelle fois, la République a secoué son drapeau mouillé de larmes d’émotion en se recueillant devant les cercueils de soldats tombés en Afghanistan. Une nouvelle fois, la dramaturgie fut entretenue, avec cérémonie officielle et remise de la Légion d’honneur à titre posthume. Une nouvelle fois, et quelle que soit la tendance du gouvernement, on a activé l’archet du ressentiment sur la corde sensible du patriotisme.

Alors bien sûr, la mort de soldats français en opérations extérieures est toujours un drame, surtout pour la famille, mais comme la mort de n’importe qui et dans n’importe quelle autre circonstance. Mais que l’on cesse de sembler découvrir que le métier de militaire est un métier à risque ! Par essence même, un soldat est appelé à devoir se rendre un jour sur un théâtre d’opérations, avec les risques que cela comporte. On ne peut pas envisager entretenir une Défense nationale composée d’hommes qui ne seraient destinés qu’à rester dans les casernes et s’entraîner en courant en survêtement. Alors oui, il y a des victimes. Mais faut-il pour cela pour cela en faire des héros de la Nation ?

Alors que dire des pompiers, des sauveteurs en mer, de tous ceux dont le métier est de sauver des vies -ce qui est une toute autre mission que celle de faire la guerre, mission beaucoup plus noble vous en conviendrez- et qui périssent chaque année dans un presque anonymat sans que l’on sonne pour cela les trompettes de la reconnaissance de la Patrie ? Est-ce à dire que l’on considère moins méritantes de la nation des catégories professionnelles dont la fonction est de sauver des vies, que celles qui  la représentent aux combats ?

Sans parler des journalistes dont la mission est d’informer mais pas d’aller se faire trouer la peau. Pourtant, beaucoup d’entre eux, sur des terrains difficiles, ont laissé leur vie pour cette liberté d’information. On en a parlé un peu et puis leurs visages et leurs noms ont été oubliés. Sauf de leurs proches et de leurs familles pour lesquels le chagrin reste aussi fort que celui des proches ou des familles des militaires.

Tous les jours, des personnes sont blessées, mutilées, ou tuées au travail sans que l’on considère qu’il faille leur décerner à tous une légion d’honneur. Serait-ce que toutes les missions et tous les morts ne se valent pas ?
Il serait peut-être bon de réfléchir à cette dérive nationaliste dans laquelle on veut entraîner le peuple à chaque disparition d’un de nos soldats, comme si chacun de nous avait perdu un des siens.

Nous évoluons dans un pays où l’on prône une compassion à géométrie variable, selon les intérêts que l’on peut en tirer ou selon l’idée que l’on se fait de la Nation, dans un système où l’on veut justifier le fait de devoir continuer d’entretenir une Défense nationale coûteuse et peu efficace au vu de l’évolution technologique. Ceci dans une conception surannée des relations internationales. Mais les traditions sont difficiles à remettre en cause. Et tant que l’on mettra le rang militaire au-dessus d’autres rangs civils tout aussi nécessaires au bon fonctionnement du pays, tant que l’on glorifiera la mémoire des soldats professionnels -en oubliant que ce sont surtout de pauvres types, des civils justement, que l’on a envoyé au casse-pipes lorsque la France fut entraînée dans des conflits- on continuera à entretenir un patriotisme qui n’a plus lieu d’être. Ne nous étonnons pas ensuite que certains restent arc-boutés sur leurs frontières dans leur peur obtuse de l ‘étranger.

 

L’indécence des incendiaires

23 mars 2012

Au-delà des hauts-le-coeur suscités par une telle barbarie, le drame de Toulouse a soulevé bien des interrogations. Et souligné de façon éclatante la responsabilité de nos gouvernants depuis dix ans, quoi qu’ils veulent bien dire. Evidemment, il était facile pour le Président de la République de se présenter en héraut de l’antiterrorisme avec, comme d’habitude, des déclarations péremptoires et incantatoires, et une posture qui se voulait respectable.

Mais de quelle union nationale parlait-il ? Chacun est à même de ressentir ce que peut provoquer en lui un événement de cette nature sans qu’il faille s’immiscer dans ses ressentiments et sa sensibilité, en lui demandant de participer à une theâtralisation destinée aux médias avec des fortes et nauséabondes arrière-pensées électoralistes. Chacun sait partager sa douleur et sa compassion quand il faut, comme il le faut, sans que l’on fasse de la mort de plusieurs enfants un enjeu national. Respecter le deuil, ce n’est pas parader dans son costume de chef d’Etat ou de ministre en faisant croire qu’on va régler les problèmes sans coup férir alors qu’on a tout fait de travers durant dix  ans. Ce n’est pas s’exprimer pour glorifier les forces de l’ordre alors même que des centaines d’hommes professionnels et super entraînés mettront une journée et demie à maîtriser un homme seul et dont la lutte armée n’est pas le métier.

Respecter le deuil, c’eût été se taire jusqu’à ce que cette affaire se termine et ne s’exprimer ensuite que pour tirer les conséquences d’une politique inappropriée, en tirant les enseignements d’un comportement désastreux des autorités politiques et publiques qui n’a fait qu’attiser les colères et exacerber les haines.

De quelle union parlait-il ? Comment pouvait-on se ranger derrière un Président, un ministre de l’intérieur, des responsables de l’UMP et d’autres individus du même acabit qui ont eu de cesse de tenir des propos xénophobes, racistes, en remettant en cause en permanence les droits fondamentaux de l’homme, en parlant d’islamisme et de civilisation, en évoquant l’identité nationale, en ignorant les banlieues, en faisant la chasse aux sans-papiers (y compris aux enfants d’ailleurs sans que cela ne les émeuve outre-mesure !), en multipliant les contrôles au faciès, en laissant se dégrader la situation parmi les populations fragiles, en abandonn ant la solidarité, en n’ayant autre chose à la bouche que le discours de la performance et de la nation, en n’ayant d’autre manière de gérer la délinquance que par la création supplémentaire de place de prison ? Vous eussiez pensé que l’on pouvait se ranger pour se recueillir sur les cendres de la société fraternelle et humaine respectueuse des droits de l’homme et du citoyen avec ceux-là même qui ont allumé l’incendie et  jeté de l’huile sur le feu ?

Ce triste fait divers, trop rapidement rebaptisé acte terroriste par les guerriers sécuritaire de la droite et de l’extrême droite, témoigne de l’état de déliquescence dans lequel ils ont mis ce pays. En montant les gens les uns contre les autres, les groupes sociaux les uns contre les autres, les communautés les unes contre les autres, en désignant des coupables et des bouc-émissaires, en divisant, en humiliant, en ignorant, en provoquant, et tout celà et à des fins politiciennes. Quand on est prêt à surfer sur l’émotion et l’abjection, en comptant sur le ralliement des racistes et des crétins notoires qui ne creusent jamais au-delà des discours et du simplisme, ceci pour relancer une campagne poussive, tout ce que l’on peut dire après perd de sa cohérence, de sa crédibilité, et surtout de sa sincérité.

 

L’obsession de l’allégement

23 février 2012

 

Lors de sa dernière intervention télévisée, le président Sarkozy a voulu enfoncer le clou sur la sacrosainte question du coût du travail qui reste l’obsession de tous les gouvernements depuis 1995. Ils ont tous utilisé l’allègement des charges des entreprises, faisant du même coup de beaux cadeaux à leurs amis les grands patrons, sans que cela ne fût efficace, si l’on regarde les chiffres du chômage.

Pourtant, on continue avec les mêmes recettes pour lutter contre la désindustrialisation du pays.

Ce qui n’est pas tout à fait nouveau, puisque déjà c’était une promesse du candidat Sarkozy en 2007.
Pour vous en convaincre, je vous invite à lire mon livre SARKOMENSONGES paru aux Editions Tatamis ou sur le lien suivant http://sarkomensonges.wordpress.com/  

Voici un premier aperçu de vce que disait Sarkzy:

« Contre les délocalisations, je mettrai en oeuvre une politique industrielle » (Sarkomensonges p.43)

On a vu en réalité qu’aucune mesure coercitive n’a été prise pour obliger les industries françaises à rester sur le territoire, ni aucune mesure fiscale pour imposer des taxes douanières d’importation pour les produits manufacturés par des entreprises qui ont délocalisé. Pourtant Sarkozy se voulait en 2006 le chantre de la défense de l’emploi « Je ne peux accepter que tant d’hommes soient broyés par la logique économique à courte vue » (Sarkomensonges p.43) ».

Pourtant il a toujours soutenu cette logique là, celle de l’économie de marché forcenée, où l’on fait croire il n’y a pas besoin de règles puisque la seule concurrence fait office de régulation. Dans son discours, le Chef de l’Etat rabâche depuis des années, avant même qu’il soit candidat, qu’il faut « alléger le coût du travail pour être compétitif par rapport aux pays émergents »….(Sarkomensonges p.51) Or, il n’était plus question de se frotter à cesdits pays émergents, lors de sa récente intervention, mais de se comparer à notre voisin le plus proche l’Allemagne. Dans ce pays, on a développé, comme une sorte de mode d’ajustement de l’emploi, le recours au travail partiel et accru la précarité, même si dans l’absolu, on peu arithmétiquement considérer qu’il y a plus de gens de la population active qui ont un emploi. Voilà le modèle que l’on veut nous imposer.

Bien loin des incantations de Sarkozy en 2006 : « on vous dit que le chômage est une fatalité. Rien n’est plus faux » (Sarkomensonges p.39). Et il n’a cessé de promettre d’amener la France au plein emploi. Belle réussite non ? Il promettait d’alléger les coûts, il a réussi à alléger l’emploi. Raison de plus pour qu’en mai prochain, nous nous allégions du poids de ces erreurs.

 

Les loups dans la bergerie

23 novembre 2011

Le monde a vraiment changé d’époque. Après des siècles d’évolution, des décennies de progrès sociaux et économiques, les sociétés démocratiques ont rendu leur tablier. Ce ne sont pas plus les élus du peuple qui conduisent les politiques, mais ce sont les financiers.

Certes,  de tout temps, les banques et les actionnaires, les grands  bourgeois et les rentiers, les industriels et les commerçants en vue, se sont toujours manifestés, quelquefois en coulisses, pour favoriser l’élection de l’un des leurs. Aux États-Unis, par exemple, les lobbies économiques et les compagnies pétrolières ont contribué à faire élire plus d’un président.

En France, plus d’une campagne également a été soutenue généreusement par la classe possédante, qui choisissait ainsi son camp et son candidat. Sans parler de la clique médiatique toute dévouée à soutenir une certain forme d’expression politique que l’on appelle pensée unique.  Et lorsque le peuple voulait aller au-delà de cette démocratie molle, en bousculant les traditions et les repères séculaires, par la lutte des classes par exemple, comme on l’a vu en 36, c’était encore une fois le mur de l’argent qui protégeait le système en place. 

Tant bien que mal cependant, la démocratie bougeait encore et la population s’exprimait parfois même si forcément, dans ce système, tel qu’il est constitué,  il n’y avait que peu de place pour les idées nouvelles, l’aventure, l’imagination, n i même l’alternative, considérée comme un gros mot.

Mais aujourd’hui, c’est bien plus grave. Ce sont les marchés européens et au-delà ceux de la planète, ceux-là même qui sont à l’origine du chaos, qui ont pris les commandes en Grèce et en Italie. Pour l’instant. En attendant peut-être d’autres pays. Les États membres de l’union européenne, inféodés à l’organisation capitaliste échevelée d’un régime financier  sans foi ni loi, ont renvoyé à ses études le premier ministre grec Papandreou pour le remplacer par Loukas Papademos, ancien gouverneur de la banque de Grèce puis vice-président de la Banque centrale européenne. C’est à dire porteur d’un système de pensée économique réducteur et responsable au premier chef d’une crise que vont payer les peuples qui n’en sont pourtant pas responsables.

Idem en Italie, où le clown Berlusconi a dû céder sa place à Mario Monti, qui fut notamment commissaire européen à la concurrence avant d’aller pantoufler chez Goldman Sachs. Consultant de cette officine douteuse, il travailla de l’intérieur à élaborer et soutenir des produits financiers dont on a vu ensuite la solidité, et il a contribué au dérèglement des économies mondiales en privilégiant le rapport virtuel plutôt l’économie réelle. 

Que dire enfin de Mario Draghi, tout nouveau Gouverneur de la Banque Centrale européenne, banquier évidemment, également ancien de chez Goldman Sachs, mouillé jusqu’au cou bien qu’il s’en défende dans l’affaire des comptes trafiqués de la Grèce, qu’il a aidée à dissimuler son déficit public via un procédé considéré comme relevant de l’inventivité comptable. Ceci afin d’organiser sa solvabilité et de permettre son intégration dans la zone euro.

Voilà trois exemples effarants du fait que la politique a perdu de son exemplarité, et que les politiciens se couchent devant la dictature des marchés.

En laissant entrer les loups dans la bergerie,  nul ne peut nous faire croire qu’ils vont se transformer en paisibles gardiens de troupeaux. Ils entendent bien poursuivre l’opération de déstabilisation qu’ils ont commencée, pour le plus grands profits de leurs amis des banques et des institutions financières. Et ce sont les peuples, les travailleurs de tous les pays, qui vont alimenter cette nouvelle machine économique destinée à produire des plus-values énormes dont on ne leur distribuera que des miettes.

Les moutons que nous sommes vont bien évidemment d’abord être priés d’avancer sans se plaindre et sans relever la tête. Puis on leur expliquera qu’ils doivent se laisser tondre. Enfin on finira par les saigner. Il ne restera plus alors que les carcasses de nos vieilles nations et de nos idéaux progressistes. Et ceux qui auront ouvert les portes de la bergerie pourront alors crier au loup, il sera trop tard pour les chasser.

Ne soyons plus bêlants devant cette caricature de politique que l’on veut nous imposer, ne suivons pas le troupeau, ne suivons pas le chemin  de la désespérance. Partout l’indignation commence à gronder. Sans  doute n’est-elle pas encore assez forte ni assez universelle pour faire fuir les loups, les chacals et les vautours prêts à se disputer les morceaux d’une Europe déchiquetée qui a cru qu’en constituant en une union structurée elle serait plus forte et plus respectée. L’idée de construction européenne était belle (1), puisqu’elle s’inscrivait dans un souci de développement et de paix. Mais freinée des quatre fers par les nationalistes qui craignaient de perdre leur prérogatives, et par les financiers qui ne souhaitaient pas voir le politique prendre la main -surtout si celle-ci est guidée par les peuples- sa progression vers une société plus juste, plus sociale, plus heureuse a finalement été stoppée. Les technocrates, les politiciens véreux et ceux sans envergure, se sont emparés des leviers du pouvoir et ont aussitôt laissé le champ libre aux prédateurs. Mais ceci n’est pas rédhibitoire.

Il brille encore des lueurs dans les yeux de certains individus qui n’ont pas abandonné leur âme, leur liberté, ni leur utopie; des hommes et des femmes qui croient encore en l’humanité et en la suprématie du coeur, de l’intelligence et de la raison sur l’égoïsme, le cynisme, le mépris et l’affairisme. Il nous reste à écarter les charognards qui guettent la mort de nos sociétés et à suivre une autre voie. Avec à l’esprit cette phrase de Bernanos: « qui n’a pas vu la route à l’aube, entre ses deux rangées d’arbres, tout fraîche, toute vivante » ne sait pas ce que c’est que l’espérance (2). Car c’est cela qu’il faut préparer. Une espérance. Et c’est à nous de tracer cette route plus vivante que jamais.

 

(1) Pour ceux que cela intéresse, je renvoie à mon livre « Un dessein européen » – L’idée de construction européennedu Moyen Âge à l’Acte unique – Collection Questions contemporaines – Editions L’Harmattan - 2007

(2)  Extrait de « Monsieur Ouine » – 1943   

L’UNESCO montre la voie

2 novembre 2011

En acceptant à une très large majorité l’entrée de la Palestine à l’UNESCO, les pays représentants de cette organisation n’ont pas fait de politique, comme les en accuse à tort le gouvernement d’Israël, ils se sont simplement honorer de conforter une démarche logique visant à reconnaître les richesses culturelles séculaires de cette région du monde.

De Bethléem à Jéricho, qui peut oser prétendre que la Palestine, berceau de nos civilisations, ne représente pas une importance historique considérable ne méritant pas la reconnaisane de l’UNESCO.

 Alors évidemment, les autorités israéliennes, toujours promptes à dénoncer la moindre initiative susceptible de faire avancer la cause palestinienne, est montée au créneau, soutenues par leurs indéfectibles alliés américains, qui pour une fois se retrouvent en positions mioritaires. Car à trop subir la pression des lobbys sionistes, les dirigeants des Etats-Unis en ont perdu tout sens critique et se rangent systématiquement derrière Jérusalem, tout en tenant un discours fallacieux visant à vouloir jouer un rôle politique majeur au Proche-Orient pour soutenir et contribuer au processus de paix. Un processus qui ne peut être que chimérique puisque, clairement, et cet épisode de l’UNESCO le montre de façon  criante, Israël ne veut faire aucune concession et ne veut pas reconnaître l’entité palestinienne. Encore moins évidemment un Etat palestinien dont Israêl s’est pourtant approprié les territoires. Alors que pour l’Etat hébreu l’irrédentisme justifié des populations palestiniennes sont apparentées à du terrorisme, la décision de plus 107 pays membres (14 contres, 52 abstentions) a jeté un pavé dans la mare de la real-politique.  

Et même si les Etats-Unis dont l’argent est le seul moteur de coercition  ont indiqué qu’ils allaient suspendre leur contribution financière à l’UNESCO, même si Israël a réagi bêtement par des représailles  grossières qui ne peuvent que mettre le feu aux poudres en annonçant la constructions de colonies supplémentaires dans les territoires, cette décision restera incontournable. Et surtout elles constitue la preuve flagrante que le courage de certains responsables peut s’affranchir des tutelles de quelques puissances et lobbys qu’il s’agisse. On ferait bien de s’en inspirer plus souvent.         

   

Six mois en pleine tempête

27 octobre 2011

Dans un peu plus  six mois, les élections présidentielles auront rendu leur verdict. Il sera temps pour la France et pour ceux qui en prendront le gouvernail de s’engager sur des eaux un peu plus calmes. Notamment, de stopper les vagues furieuses du chômage, de quitter les abysses d’un marasme économique désespérant, de contourner les icebergs du mépris. Enfin bref de redonner un cap à un pays qui en manque cruellement.

Mais en attendant, la période qui s’annonce risque d’être tempêtueuse.
Nos gouvernants actuels se présentent comme des gens responsables qui ont pris la mesure de la crise, alors qu’en fait ils n’ont fait qu’en subir les conséquences, en essayant de colmater les brèches du navire.

Car à toute situation, il existe une cause, et refuser de s’attaquer à cette cause c’est se remettre sans cesse dans la même difficulté. Redonner du souffle à l’économie, c’est tout le contraire de recapitaliser les banques et s’aligner comme des petits garçons derrière le maître allemand qui fait les gros yeux. C’est redonner de l’oxygène au tissu économique français, aux PME, aux artisans, mais surtout aux Français eux-mêmes, aux salariés, aux travailleurs, qui sont autant de consommateurs en capacité d’influer sur les échanges et donc sur la fameuse croissance…

Tant qu’on ne sortira pas de la logique selon laquelle la rentabilité se trouve dans les échanges financiers, dans la spéculation honteuse de toutes les institutions financières (spéculation sur les monnaies mais aussi sur les matières premières) spéculation qui est l’oeuvre de ces banques mêmes que l’on veut renflouer, on ne pourra pas éviter la tempête.

Accepter de se fondre dans ce système qui entretient lui-même la crise tout en gavant les requins de la finance, en ne trouvant comme solution que de faire payer cette crise par d’autres (par le peuple évidemment en le pressurant, en remettant en cause près de soixante-dix d’acquis sociaux et de progrès), c’est non seulement une erreur politique, économique et sociale, mais ce serait presque une faute morale, une insulte à l’avenir de notre pays. Une faute qui demandera forcément réparation. La première étape de cette réparation se fera dans les urnes.

En attendant sans que notre bateau ivre va encore beaucoup tanguer sur une mer en furie. Il nous appartiendra tous de peser de tout notre poids sur la barre pour éviter la dérive, avant de jeter le capitaine à l’eau .   

26 octobre 2011

J’ai longtemps repoussé le moment où il me faudrait bien entrer à mon tour dans le grand circuit des nouveaux médias. Car je dois reconnaître -mais peut-être est-ce là une position très récurrente chez bon nombre de journalistes – que j’ai toujours été réticent à l’idée que tout un chacun puisse déverser des tombereaux de pensées plus ou moins abouties, plus ou moins décentes et respecteuses. Bref que la toile ne finisse par accrocher toutes les idées qui passent. Sujet que j’ai abordé dans mon éditorial de la Revue indépendante (N.330) dans lequel je déplorais tous ces portails ouverts  aux quatre vents de l’expression parfois irréfléchie,   »au nom d’une interactivité à la mode ».

Pourtant, peut-on s’en réjouir ou le déplorer, il devient difficile aujourd’hui de se passer des ces relais. Et si l’on veut s’exprimer à son tour, il faut bien se décider à épouser les nouvelles normes cybernétiques.

Ainsi donc, j’inaugure ce lien de rencontres entre nous: « le sens de l’humeur »… Qui comme son nom l’indique interviendra sur tous les terrains: la politique, la société, la culture, les médias…. Selon mon humeur. Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Je vous y donne rendez-vous.